DZ 2020



30 juillet 2020
Douarnenez, la Verte


Douarnenez. 30 juillet 2020. Une nouvelle équipe municipale a été élue en 2014. Elle vient d’achever son premier mandat. Notre reporter est allé sur place. 


Il y a encore peu de temps, Douarnenez, l’ancienne capitale de la sardine et des conserveries semblait s’enfoncer définitivement dans la nostalgie et devenait un musée se réveillant à la période estivale. L’activité du port était en baisse, les entreprises comme Asteel ou Isobox quittaient une à une le territoire et la plage du Ris couverte d’algues vertes devenait le symbole d’une agriculture industrialisée et polluante autour de la Baie. Depuis 2014, tout a changé.


Dans le cadre du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Baie de Douarnenez, la ville a accompagné l’évolution vers une agriculture biologique qui était quasi-inexistante. Des terres sont de plus en plus nombreuses à être attribuées à des agriculteurs qui souhaitent mettre en place des modes culturaux respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs. Ils produisent assez pour assurer une alimentation 100 % biologique à un coût abordable pour tous, particuliers et restauration collective. Les marchés de proximité sont florissants et proposent des produits de qualité. Un contrat avec les agriculteurs autour des captages d’eau va permettre de distribuer une eau à moins de 10 mg de nitrates par litre.

Un programme très volontariste de réhabilitation de l’habitat met en valeur la beauté de ce port breton. Conformément au Schéma de Cohérence territoriale, le Plan Local d’Urbanisme a limité au maximum les possibilités d’étalement urbain. Il n’était plus possible de disserter quotidiennement sur la disparition des terres agricoles et la nécessité de limiter les déplacements, tout en continuant à construire loin du centre ! La ville est redevenue attractive et les artisans s’activent dans toutes les rues pour restaurer et isoler les bâtiments anciens. Les habitants préfèrent vivre dans le centre plutôt que de payer cher l’entretien de maisons et de jardins éloignés. Le programme pour les habitations à loyer modéré a été renforcé en conformité avec la loi Duflot.

Les élus au pouvoir ont enfin compris que l’extension des zones commerciales périphériques était contre productive car le dépérissement du commerce de centre-ville signifiait celui de toute la cité. Les nouvelles règles d’urbanisme commercial ont permis d’orienter les installations vers le cœur de ville. Les vitrines reprennent vie et aux Halles le quinzième vendeur fixe vient de s’installer. Il y a de plus en plus d’ambulants qui demandent à déballer et les maraîchers sont presqu’aussi nombreux que dans les années cinquante !

D’une manière générale, l’entretien, la mise aux normes et l’amélioration des bâtiments existants ont été préférés aux grands projets. La salle de spectacle de la Maison des Jeunes et de la culture a été agrandie et une gestion concertée avec Douarnenez Communauté permet d’utiliser au mieux les salles existantes.

Pour les ports, un travail d’entretien, de dragage et de réhabilitation sur le plan paysager et esthétique est en cours et embellit le cadre de vie. Les financeurs habituels des grands projets, Etat, Conseil Général et Conseil Régional ont apprécié la démarche et accordent les subventions nécessaires. Trop tard pour éviter

le bétonnage des quatre ports mais, si la destruction des terre-pleins gagnés sur la mer devra attendre, la décision de mettre un terme à tous nouveaux déroctages et endiguements préserve le littoral. La ville s’affirme comme une capitale de l’éco-nautisme et les expériences pour une pratique écologique de la voile sont nombreuses en Baie.

Pour la pêche, la décision de règlementer les différents métiers et de mettre un terme aux pratiques destructrices sur l’ensemble du parc marin de l’Iroise a enfin été prise. C'est un plaisir de voir s’étoffer la flottille des petits ligneurs et fileyeurs, cohabitant avec des bolincheurs responsables pour une gestion commune des ressources marines nourricières. Difficile de croire qu’en 2012 l’état sanitaire de la baie était tel que la pêche aux coquillages a été interdite pendant presque toute l’année ! Une navette régulière à prix modique permet la visite de l’Ile Tristan où le public est accueilli par un animateur nature en lien avec les services du parc marin et ceux du conservatoire du littoral. Il peut profiter sur place d’une belle présentation des activités et des recherches en cours sur un espace marin d’une extraordinaire richesse.

La loi de décentralisation, qui permet l’expérimentation, a été mise à profit pour élargir les projets à l’ensemble des villages de la communauté des communes en particulier en matière de déplacements doux. Bus et bateaux-bus, vélos, chemins piétons, c’est un plaisir de déambuler dans le pays de Douarnenez, de Poullan à Pouldergat, de Kerlaz au Juch, sur un territoire qui met en valeur ses plages, ses bois, ses fermes et ses espaces naturels si riches.

Les propriétaires d’espaces préservés peuvent bénéficier d’un partenariat d’entretien avec la ville en échange d’une ouverture partielle de ces espaces au public, au Bois d'Isis par exemple. Douarnenez vient d’établir un record qui attire les visiteurs : le plus grand nombre d’arbres remarquables pour une ville de cette taille. Et l’animation la plus demandée à l’office de tourisme est l’observation de la flore et de la faune en pleine ville !

Cette image de ville «nature» dans une baie ouverte sur l’océan attire les entreprises qui ont compris tout l’intérêt de la conversion écologique. Les friches industrielles sont réoccupées les unes après les autres. Les artistes de plus en plus nombreux, proposent leurs créations dans un cadre qui les inspire. La ville retrouve l’ébullition qu’elle connaissait au meilleur de son histoire.

Une seule ombre au tableau : la présence de l’Île Longue à moins de 60 kilomètres a obligé la ville a intégrer un périmètre de protection en cas d’accident nucléaire majeur, alors qu'en 2012 ledit périmètre avait été établi à 2850 mètres pour éviter d'y intégrer la commune de Crozon. Mais à quelques kilomètres de Plogoff, l’espoir de la fin prochaine du nucléaire civil et militaire est partagé par de nombreux habitants. 

De notre envoyé spécial à Douarnenez le 30 juillet 2020


 





Aucun commentaire: